dimanche 9 février 2014

Les joies du week-end de mère célibataire


Dans mon malheur de mère en cours de divorce, avec 2 mioches de 3 ans 1/2 une semaine sur deux, il y a du bonheur... celui du week-end de mère célibataire !

Alors que toute la semaine, je me prends la tête, je m'arrache les cheveux pour savoir quoi faire comme repas équilibrés (mangez 5 fruits et légumes par jour), que je m'égosille à demander à mes filles de mettre les mains sur la table et ne pas jouer les pédicures pendant le repas... les week-ends sans enfant, je joue les teenagers en pleine crise d'ado !

Ça donne : réveil à 10h du mat', pas de douche (eh oui, c'est carrément moins girly & sexy, mais j'ai pas non plus fait de sport en chambre cette nuit, merci de me le rappeler !), nuisette toute la journée (eh oui !) et repas à n'importe quelle heure et surtout n'importe quoi.

Par exemple, en ce dimanche 09 février, voilà ce que, mère sans enfant, j'ai fait (ou pas) !
  • 10h : réveil, zen... pour une fois, ce n'est pas une tête blonde, venue dans mon lit à 6h45 me dire que mon réveil indique "des gros chiffres", qui me réveille... non, je me suis réveillée toute seule !
  • 10h15 : petit-déjeuner devant la TV. OK, ce fut rapide, j'ai la maladie de la zappette folle, surtout le dimanche quand le choix doit se faire entre la messe, les voitures et Téléshopping et sa gaine amincissante révolutionnaire ! Devant ce choix de qualité hautement supérieure, une seule solution : switch off !

Ouah, le silence... J'ai donc laissé mes boules Quies ? Oups, non... Juste que seule, j'ai pas besoin de parler, ni de crier. J'entendrais les mouches voler (ou la chasse d'eau de mes voisins !).

Après avoir déménagé mon appartement la veille - une envie de changement - il me restait un peu de ménage. Ça, je vous l'accorde, ça n'a rien, mais rien du tout, d'un quelconque comportement d'ado... C'est plutôt la maniaque du rangement, de l'ordre, de la perfection qui s'est réveillée en moi, en ce dimanche. Par contre, la négligence de ma tenue, ça, c'est de la pure inconscience d'ado ! Une chemise en guise de nuisette + une petite culotte... et me voilà sur le balcon, au second étage, à nettoyer mes vitres !

Quelle déception : pas un coup de klaxon, pas un seul accident de voiture, même pas un aboiement du chien de la maison d'en face... rien, nada, niet. Ok, je vous l'accorde, à midi, le dimanche, il n'y a pas grand monde. L'église ou la boulangerie font carton plein, comparé à moi.

  • 14h : le petit-déj Nutella - brioche se fait déjà loin. J'ouvre le frigo à la recherche du truc facile, rapide mais appétissant ! Résultat (mon frigo était vide, le choix était simple) : bavette + petites pommes de terre sautées. Eh bien, où sont donc les légumes, vous allez me dire ? Chez le marchand, je vais vous répondre. Comprenez-moi, ras-le-bol de ces trucs verts que je cuisine toute la semaine. Depuis hier, je me suis mise au régime jaune : frite, patate, pates... Tiens, même la brioche rentre dans ce régime ! Youpi.
  • 16h : Un petit doute, si La Teigne m'appelle pour me dire qu'elle passe, je la reçois en quelle tenue ? Ok, je file à la douche. Pas facile de se faire une place entre les petites culottes, les soutiens-gorge et les bas qui sèchent, accrochés de-ci de-là, entre la barre de douche et celle du rideau, sur le robinet... Bref, partout où c'est possible. Mission accomplie, mais la tenue reste rudimentaire et coooOool : jogging, vieux tee-shirt et pull ! 
    Précision : étant donné que La Teigne a un balai dans le dos (pour rester polie), elle n'est pas venue tailler la bavette avec moi.
  • 18h : une petite dose de régime jaune : brioche avec une entorse marron (le Nutella). Une petite manucure s'impose : mes ongles s'effritent, s'émiettent.. Eux aussi boudent les légumes !
  • 21h : finalement, le régime jaune, y'a pas à dire, ça cale bien... je vais en rester là pour aujourd'hui.
Vous trouverez que ma journée a été plutôt cool. J'avoue, je ne vous ai pas dit qu'entre 15h et 19h, j'ai bossé. Oui, c'est ça le problème de la mère qui bosse chez elle, c'est que les heures, on les fait quand on peut et pas forcément les jours ouvrés.

Il est presque 22h et me voilà à nouveau dans la même tenue, comme 12h auparavant.

La journée est finalement passée vite.
Demain c'est lundi, et l'ado va quitter mon corps pour laisser place à la femme de presque 35 ans. 

Sur ce, bonne nuit, l'ado a besoin de récupérer après cette journée de folie.




dimanche 10 novembre 2013

Chienne de vie, et hyène de mère !



Chaque semaine de garde j’ai l’impression de passer un examen d’aptitude à la parentalité.
Tests en tout genre : compréhension orale avec tétine (finger in the nose), motricité fine (attacher les boutons des gilets, mettre les chaussettes…), maîtrise d’un projet de l’idée à ton terme (ça se corse, les idées j’en ai toujours plus ou moins grâce à Internet, mais quand j’ai prévu de les mettre à l’action, des obstacles extérieurs telle une colère-caprice viennent faire capoter le projet) et la plus dure discipline : affirmer son autorité en tout contexte et sans s’énerver. 


Résultat : chaque semaine, je passe tout juste. Elève passable. Pas de mention AB, B ou TB. D’ailleurs entre nous, existe-t-elle vraiment la mention TB ? Hormis Super Nanny quelle mère (ou père) pourrait prétendre à cette Gold Médaille !
On pourrait lire sur mon bulletin : "théorie acquise mais la pratique laisse à désirer"…ou encore…"de bonnes intentions, on le sent  bien, mais après ?"…"Patience, il faut savoir se maîtriser". Bref, vous l’aurez compris, les examinateurs sont cruels, impartiaux. Si bien que ce week-end, j’ai failli rompre le contrat. Abandonner, lâcher, capoter, renoncer, claquer la porte, passer à autre chose. Dites comme vous le voulez, mais mon corps et ma tête ont dit Stop.

Stop à cette torture émotionnelle, stop à ces cris, ces pleurs, ces colères, ces caprices, ces menaces, ces punitions et cette absence de plaisir d’être ensembles. Pourquoi, oui pourquoi ce que l’on a voulu si chèrement, ce pour quoi on s’est battu pendant des années, au prix d’une souffrance corporelle (et oui, souvenez-vous de la petite coccinelle, piquée chaque jour dans le ventre) et émotionnelle, pourquoi le sujet de cette bataille nous rend si amer à présent, au point d’envisager la rupture !
On pourrait comparer cela à un caprice d’enfant, qui tape des pieds, hurle, se roule au sol pour obtenir son jouet. Et, une fois le jouet obtenu dans la violence, le rejette !
Oui, mais moi, j’ai fait des pieds et mains, certes, mais c’était réfléchi. Mûrement réfléchi ! Mon désir d’enfant n’était pas un « caprice » d’enfant mais bel et bien l’envie de donner vie à un petit bout de nos chairs. J’ai dû tellement le désirer que j’en ai reçu 2 d’un coup, du genre, tiens, tu ne m’y reprendras pas à 2 fois, voilà ce que tu veux, et en double, au cas où l’idée te reprendrait de jouer les capricieuses. Oh merde, comme avait lâché le papa le jour de l’écho. Oui, oh merde…

Ce n’est donc pas un caprice d’enfant. Alors si je passe de justesse ce foutu exam de parentalité, c’est quoi le problème ? Je n’ai pas lu les bons livres ? Merci Internet, à présent on trouve de bons résumés.
Non, c’est moi alors le problème. Je manque de patience. Réponse soufflée – maintes fois – par ma mère. Je suis trop exigeante – réponse soufflée par moi-même et ma mère ! Finalement, je vais me mettre au pétard, comme ça je serais détendue, zen, une grosse loque donc pas stressée, pas prête à bondir telle une hyène sur sa proie, une baba cool de mère finalement [alors que je contrôle l’orthographe de hyène car mon correcteur automatique voit rouge, je lis sur Wiki que la hyène est le seul animal répertorié à ce jour capable de broyer le fémur d’un éléphant – n’y voyez aucune ressemblance de près ou de loin avec moi].
Revenons à mon pétard. Mon premier d’ailleurs ! Mieux vaut tard que jamais, même si pour ce doux produit je préfèrerais jamais. Alors ce matin le maître mot était les crever, les crever, les crever. Ohla doucement, j’entends par là les mettre KO pour qu’elles fassent un gros dodo après le déjeuner. Vive le dimanche et les bus qui passent rarement. Prétexte pour les crever : nous n’allons pas attendre
20 min l’arrivée du bus. Action : rentrer à pinces jusqu’à l’appart. Résultat : le bus est arrivé en même temps que mes 2 loques de filles ! Déjeuner expédié et direction le lit.
A suivre, j’écris pendant leur sieste.

Moi en attendant de me procurer le pétard, j’ai des tablettes de chocolat !

samedi 26 octobre 2013

Allo quoi, t'as pas de rideaux !


      Je ne sais plus si je vous l'ai déjà dit : cela fait un peu plus d'un mois, que j'ai posé mes valises dans mon Home Sweet Home. J'en suis ravie. Quittant une maison pour un 50 m², j'ai du ré-apprendre la vie en immeuble : interdit de crier, de trainer des pieds, de faire tomber le plus petit objet ou de tirer la chasse d'eau à 2h du mat ! Je m'y suis faite. La seule chose à laquelle je ne me fais vraiment pas : la vue sur la salle de bain de mes voisins de l'immeuble d'en face.

      Imaginez-vous : depuis votre cuisine, alors que vous êtes en train de préparer votre déjeuner, vous avez vu sur le voisin. J'en vois que certaines ont déjà le petit rictus en coin. J'avoue qu'il pourrait y avoir pire. Ce n'est tout de même pas Georges (what else ?). Il est plus proche de André Agassi dans sa période crâne rasé. Et oui, mon voisin a la tête dégarnie, mais volontairement. En effet, j'assiste fréquemment au rasage intégral de son cuir chevelu.
Ce matin, c'est madame qui s'est lancé dans l'épilation des aisselles. Hélas, la crème dépilatoire sur les aisselles, ça fait tout de suite beaucoup moins rêver. J'aurais dit ce matin que la voisine était blonde...et là, quelle fut ma surprise en me rendant dans ma cuisine, elle est devenue rouge des cheveux ! Je vous assure. 
     Franchement, ne croyez vous pas que l'un d'entre eux se serait rendu compte que l'appartement d'en face était habité ?! Un petit tour chez Leroy Merlin pour acheter un rideau ou un store..et hop l'affaire est dans le sac. Non, ils préfèrent exhibition...et moi le voyeurisme ! 

       Du coup, j'ai pris pour habitude de toujours m'habiller chez moi, de ne pas allumer la lumière de la cuisine quand je suis en tenue trop légère... Je suis devenue parano à mon tour quand je suis dans la salle de bain. La différence de ma fenêtre et de la leur, c'est que la mienne est granitée. Je ne joue qu'aux ombres chinoises au pire quand je me douche ! Prudence, il y a tout de même une avenue passante sous ma fenêtre ! Mais je n'ai toujours pas assisté à d'accident, quelle déception (je rigole).

         Ça me fait penser que la lumière est allumée et qu'il fait nuit dehors...oups ! j'éteins !

dimanche 13 octobre 2013

Faites des gosses


A 30 ans, moi, je réalisais enfin un vœu qui m'était cher depuis si longtemps : devenir maman.

La bataille avait été longue, difficile. Elle avait débuté alors que j'avais 25 ans. Je me sentais prête à franchir le grand pas. Après le mariage à 24 ans, après tout, j'étais dans le bon chemin pour celui de la maternité. Oui, mais les bébés, cela se fait à deux et là, mon Jules, lui, n'était pas, mais pas du tout prêt. Sa réponse : quand j'aurai 30 ans ! Tu parles d'une plaidoirie. Où est l'argument, là dedans ? Que se passerait-t-il donc le jour de ses 30 ans ? Ses spermatozoïdes auraient enfin compris leur but ultime, seraient-ils plus nombreux, suffisamment entraînés (ça, je n'en doutais pas)  pour attaquer mon ovule ?

Bref, j'ai dû mettre mes ovules en stand-by, au chômage technique, le temps que monsieur atteigne la trentaine.

En 2006, j'ai eu le feu vert ! Ses 30 ans étaient largement révolus...tout comme mes ovaires! Hors service, ils étaient devenus. Traitement, prière et tout le toutim, voilà ce dont j'ai hérité pendant trois ans pour, un jour, taper des deux poings sur le bureau du gynéco pour exiger de passer à la vitesse supérieure, mes 30 ans pointant leur nez. Vitesse supérieure ? La FIV. Mon corps a alors été mis à rude épreuve. Mon ventre est devenu une coccinelle, comme me disait mon infirmière : tous les jours, il était criblé d'un nouveau petit trou, dû à la piqûre de stimulation. Le verdict est tombé en décembre 2009 : Félicitations, il y en avait deux.

Vous voulez vraiment savoir ce qu'a lâché spontanément monsieur à cette heureuse annonce?

"Et merde".

...

Tout était dit. J'allais porter deux fœtus dans mon ventre et pour l'instant, leur géniteur n'était toujours pas prêt. Je vais faire court : l'aventure grossesse a duré 8 mois, 9 kg de pris, 21 jours d'hospitalisation, pour que, le 13 août, naissent deux princesses en excellente santé.

Aujourd'hui, elles ont 3 ans et 2 mois. Quand je reviens sur ce désir de maternité qui me hantait, voilà déjà plus de neuf ans, je me demande quelle mouche m'a alors piquée. Je suis devenue une mère à l'opposé de ce dont j'avais rêvé : douce, patiente, aimante, calme... loin de cette mère acariâtre, impatiente, hurlante...Je passe les qualificatifs que mes filles pourront un jour employer pour me décrire. Chaque jour, je me confronte à deux petits êtres qui me font payer la séparation de leur papa et leur maman.

Cela a commencé par l'inventaire détaillé de ce que j'avais pris de la maison de leur papa pour meubler mon appartement : papa n'a plus de TV, c'est toi qui a la machine à laver, papa ne trouve plus les ciseaux... Après, ce sont des hurlements de "je veux papa" qui ont pris la relève. Un soir, saoulée, dépassée par ce comportement, j'ai même proposé à monstre 1 de rentrer chez son père par ses propres moyens. Sa réponse a été sans appel : "je ne sais pas conduire la voiture".

Mes paroles ont, ces derniers temps, bien dépassé ma pensée. Je les aime tant, ces petites monstres, mais pourquoi, pourquoi faut-il passer par ces étapes "normales" du développement de l'enfant ? ! Car le comportement excessif d'une mère au bout du rouleau, lui, n'est jamais considéré comme normal mais bien comme un manque de maîtrise de soi. Merci les psys ! A la veille de mes 35 ans, je me sens une mère célibataire proche de la dépression (si je n'y suis pas déjà),, adepte du Kleenex et mascara qui coule. Je n'ai pas honte de faire une crise dans la rue après ma gamine qui vient de courir imprudemment sur le trottoir. J'assume de crier ou de mettre une fessée quand elles ont été désobéissantes ou se mettent en danger. Par contre, je n'assume pas la mère que je suis devenue : exigeante, hurlante, dépassée.

Et pourtant, le chemin est encore long dans leur éducation. Que vais-je devenir ?

NB : Le géniteur a été très distant durant les 8 mois de grossesse : aucune main sur mon ventre. Son travail l'a éloigné de nous la moitié de la semaine, pendant six mois, alors que les petites avaient 6 mois. Il est venu peu à peu à jouer son rôle de papa, un rôle devenu très fort, maintenant que nous sommes séparés.

jeudi 19 septembre 2013

Dans les dents

Aujourd'hui, j'ai 39 ans. Pas de quoi la ramener, vous me direz, ça arrive à des gens bien.

Oui, mais dans ma tête, j'ai 4 ans, alors vous comprenez le décalage. Je ne me sens pas en phase.

Quand j'étais petite, j'imaginais devenir adulte à 26 ans. 26, pourquoi? Sans doute parce que ça correspondait à l'année 2000 et qu'on croyait alors qu'on survolerait les villes en soucoupe volante et qu'on mangerait des petites pilules - alors qu'en fait, on continue de s'emmerder avec nos vieilles titines sur le bitume et que croquer dans une bonne tablette, y'a quand même que ça de vrai.

Les 26 ans sont passés depuis bien longtemps, je n'ai pas souvenir d'être devenue adulte alors. Même à la naissance de mon fils, je n'ai pas senti ce soudain bond dans l'âge adulte. Je crois que c'est en allant jusqu'au bout de mes convictions, plus tard, que j'ai franchi une sorte de cap.

Pourtant, j'ai toujours l'impression d'avoir 4 ans, allez comprendre. J'ai envie de rêver, plus que jamais, de m'envoler, de planer. D'imaginer que tout est possible. Est-ce compatible avec l'âge adulte?

Sans doute. 39 ans, c'est la dame avec ses trois enfants, c'est la femme respectable avec du rouge à lèvres, c'est cette personne à qui l'on dit bonjour avec respect.

Moi, j'ai un enfant, qui va devenir pré-adolescent très vite, j'avance avec mes doutes et mes peurs, je me demande ce que je fais là et quel chemin prendre, je jette les vieux rouge à lèvres qui traînent dans mes placards en me demandant comment ils ont pu arriver là, et je m'affiche, à peine maquillée, devant de vrais adultes. A vrai dire, je me sens plus transparente que jamais, incapable de masquer mes états d'âme. Sans l'envie, vraiment, de donner le change.

Je suis comme je suis.

Peut-être que c'est ça, l'âge adulte.

Accepter que les autres voient nos failles, sans penser que la terre va se retourner pour autant.

Accepter cet enfant qui est en nous et s'appuyer dessus pour nous donner l'illusion que la vie est devant nous.

Accepter que notre vie soit imparfaite.

Accepter notre responsabilité, pour mieux rêver, encore.

Et imaginer que demain sera beau.

Comme quand on avait 4 ans.

vendredi 13 septembre 2013

Question subsidiaire

Le nez rouge tel un clown, je tentais de respirer en apnée tout en gardant bonne figure (oui, Louloutte est malade... ou balade, devrais je dire : un rhume carabiné !).
 
J'avais déjà poirauté dix minutes devant la porte d'entrée - j'arrive toujours un peu en avance à un rendez-vous, merci la bonne éducation. Apparemment, l'heure c'est l'heure, chez lui. Pas question d'ouvrir la porte avant l'heure ou même de faire un petit signe pour vous signifier que l'on vous a vue derrière la vitrine, en montrant d'un air désolé l'horloge. C'est pas l'heure de l'ouverture. 

L'attente se prolonge. Ici, pas de magazines de 2013... ni d'aucune autre année, d'ailleurs. Rien...  Attendre patiemment, voilà ce qui reste à faire, jusqu'à ce que le monsieur vienne me chercher. L'horloge qui indiquait 9h20 quand j'ai tenté d'entrer, 9h33 quand j'ai passé le seuil, indique à présent un bon 9h45. Les 15 bonnes minutes de retard, ce doit être une coutume locale.

Me voilà dans le bureau du monsieur à expliquer l'objet de mon rendez-vous. Je ne le sais pas encore, mais un long et interminable interrogatoire débute.
 
Après lui avoir raconté mon déménagement il y a deux ans, mon congé parental, mon CDD à mi-temps, lui avoir sorti mes trois derniers relevés de comptes bancaires, lui avoir rapporté ma déclaration d'impôt, avoir expliqué comment s'organiserait la garde de mes filles, avoir dit que le loyer était payé par mon mari (bah oui, je ne travaille plus)... J'étais sur le point de craquer !

La moutarde m'est montée au nez, à tel point que j'étais à deux doigts de lui demander :

" Allez, vous avez bien une dernière question à me poser..."

Après tout, il ne manquait plus qu'une question, et il savait tout de moi.

"Question subsidiaire : le nombre de rapports sexuels par semaine ?"

Oups, je m'égare... Et vous, vous vous demandez : mais où était donc Louloutte ?

Eh bien, chez mon... banquier ! J'étais chez mon futur banquier pour ouvrir un compte bancaire. J'aurais dû me la jouer à la B for Bank, vous savez la publicité " Moi, j'aime ma banque... vous vous dites qu'un homme qui aime sa banque... mon banquier, c'est moi." Mais non, j'ai choisi d'ouvrir un compte dans une agence physique.

J'aime le contact, les relations humaines, mais de là à devoir me plier à un examen approfondi de ma personne, il y a un pas que je n'avais aucune envie de franchir. Quand j'y pense, cela m'a fait penser aux entretiens d'embauche. Mes copains de fortune, chercheurs en CDI, aiment raconter leurs tests d'urine, leur test d'effort et autres machin-bidule-truc de tests que nous devons passer pour démontrer nos compétences professionnelles. Moi, je dois déballer ma vie, sans pudeur.

A présent, je peux attester qu'ouvrir un compte en banque - c'est-à-dire prêter de l'argent à cette banque - c'est aussi compliqué que de se faire embaucher en CDI.

jeudi 12 septembre 2013

Que voit un jambon dans un reflet?

Albert, cet humaniste, titrais-je hier... Je ne croyais pas si bien dire. Je voulais aussi éviter que ça vire à l'obsession et laisser à Louloutte le soin de vous raconter ses dernières rencontres. Genre, 1/ je relativise et 2/ je ne prends pas toute la place.

Mais il est des scènes qui marquent.

Ce matin, notre collègue, celui qui a eu droit à 2,5 secondes d'aller-retour dans le bureau d'Albert - le temps de se voir signifier son licenciement - est venu nous saluer, depuis la terrasse, ma boss (elle aussi sur le départ) et moi.

Vu que la porte est condamnée entre nos bureaux, c'est toujours ce qu'il y a de plus simple à faire, pour se dire bonjour, entre gens civilisés.

On cause trois secondes et soudain, surgit Albert, hurlant:

"Alors, toi, tu me prends vraiment pour un jambon! Qu'est-ce que je t'ai dit? Tu ne viens pas discuter avec les filles, dehors, tu dégages! Arrête de venir pour te faire dorloter!"

Tout rouge et tremblant, il empoigne l'épaule de notre collègue et le pousse. Là, nous, "les filles", tentons de protester. Il nous rétorque :

"Vous savez ce qu'il m'a fait depuis deux mois? Zéro! Zéro chiffre! Alors, ça va bien..." Tout en repoussant sa cible, incrédule.

On peut comprendre qu'un commercial traité comme un malpropre et viré manu militari de la boîte n'ait qu'une motivation très moyenne et qu'il ne va peut-être pas falloir escompter sur un bond spectaculaire du CA, hein, Albert... Non, ce n'est pas inclus dans les filtres de ce dernier, qui ne s'arrête plus:

"Et tu crois que je te vois pas, dans le bureau des filles, hein? Pas de bol, y'a le reflet de la vitre, je vois tout!" Et de poursuivre : Tu m'as promis des choses et tu ne les tiens pas!"

Alors là, comment dire, c'est l'hôpital qui se fout de la charité. Ce type nous a promis monts et merveilles et si les promesses n'engagent que ceux qui les reçoivent, l'impression de s'être fait rouler dans la farine reste assez présente dans nos esprits...

J'ai senti la colère remonter en moi, avec ce sentiment d'impuissance devant la situation. En le voyant lui tenir ainsi l'épaule dans le couloir, j'ai bien cru qu'un poing allait partir, mais finalement, notre collègue a su se contenir. Même quand Albert lui a demandé d'arrêter de faire l'enfant.

Effectivement, il voit bien le reflet, celui de sa propre immaturité.

J'imagine qu'il s'agissait, à défaut d'une leçon de management, d'un vrai instant de folie pure. Je vous avoue que si ce côté surréaliste donne un peu de "piquant" au quotidien d'un salarié lambda, ça devient fatigant, à la longue.

Je vais changer mes nerfs et je reviens.