lundi 2 septembre 2013

Une aiguille dans le cerveau (partie 2)

Trois semaines de vacances plus tard, disais-je, je rentre, régénérée, limite à chercher la signification du mot "burn out", tellement je l'ai enterré loin dans ma mémoire.

C'est quand j'apprends que trois nouvelles personnes vont être licenciées que je sens une première angoisse. De douze salariés il y a un an et demi, nous allons passer à... trois. Pour assurer la même production, évidemment.

...

Je ressens comme un besoin de lâcher-prise et ce rendez-vous avec l'acupuncteur tombe donc à point nommé. Le monsieur m'indique un bureau, dans un vieil appartement, je rentre, je poireaute, histoire de bien ruminer. Il arrive, petit, menu, les cheveux blancs, le regard inquiétant.

"Et sinon?"

"..."

"Et sinon?"

Ben, dans mon langage, je dis d'abord bonjour aux gens que je n'ai jamais rencontrés (même à ceux que je connais, comble de la politesse), alors démarrer ainsi, c'est une tactique, j'imagine. Le monsieur est thérapeute mais allez, il peut avoir ses humeurs, j'imagine. Je lui déballe le pourquoi du comment, finis par lui lâcher que je suis envoyée par mon bourreau (!) et je le sens me scruter d'une façon qui me gêne profondément. Ce type, censé être empathique, me juge. Il me regarde de haut en bas et me balance, de façon méprisante:

- Oui, oh ça va, vous ne vous en sortez pas si mal, hein! Vous avez quel âge? 39? Et vous avez des enfants? Un? Bah alors?"

Genre, de quoi tu te plains, saleté de gosse de riche, y'a des gens qui auraient vraiment des raisons de venir, mais toi...

Je comprends qu'avec un corps de bombe comme le mien, je fasse rêver les foules, hein... Dans ma tête déjà bien embrumée, je note de lui indiquer un bon ophtalmo, dès qu'on en aura fini (vite, j'espère).

Il me demande de m'allonger, se colle à trois centimètres de moi et me parle de façon autoritaire. M'envoie balader lorsque je lui réponds un truc qui ne lui convient pas, "une vision trop psychologique, pff, c'est bon pour les magazines, ça", puis me reproche de ne voir que du médical dans un symptôme que je lui décris. Il m'ordonne de le regarder dans les yeux, ces billes chargées de rancœur et de colère, lorsque je détourne le regard, consternée par le spectacle.

D'ailleurs, il revient vers moi, grandiloquent, et sort la phrase qui tue : "pour être médecin, il faut faire du théâtre!"

A-t-il avalé de travers la bave de serpent que lui a servie sa femme, la veille au soir? A-t-il reçu sa facture de RSI? Son avis sur l'ISF? Toujours est-il que le type s'est déchaîné sur moi en me demandant d'avancer sans me juger ou me comparer, mais en ne cachant pas son quasi-dégoût devant ma faiblesse. "Vous refusez l'angoisse, c'est ça votre problème!" Allez, allez, c'est quoi ces pleurs, c'est de la colère, mais ça ne sert à rien, c'et trop tard, regardez où vous en êtes" "Et puis, je vous préviens, si vous ne comprenez pas ce que je vous dis, c'est pas la peine de revenir, je n'ai pas de temps à perdre."

Je suis ressortie une heure après, abasourdie, me demandant où était la caméra et en remerciant mon irrépressible envie de vivre de ne pas me lâcher. Un dépressif serait parti se jeter sous un pont.

A ce stade, une chose est sûre: je vais suivre son conseil et ne plus perdre mon temps, ni ma santé mentale. Je n'y retournerai pas. La thérapie passera par des méthodes plus douces. Un carré de chocolat, midi et soir, c'est pas mal, aussi.

3 commentaires:

  1. Eh ben ! On dirait que ça n'arrive qu'à toi, ce genre de trucs !
    Tu as raison, un carré de chocolat, ça fait plus de bien que de se faire remonter les bretelles de la sorte. Allez, courage, la Teigne, on est avec toi.
    Bises.
    L'oiseau

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  2. C'est quoi ce cinglé de pervers ? il bosse pour ton boss, oui ! de la pure saloperie ! à éviter d'urgence. Imperméabilise-toi, il ne faut pas te laisser atteindre par les conneries qu'il a pu te sortir. Le signaler ? en tout cas, ouvre-toi une "liste rouge" des gens à NE PAS recommander autour de toi, et ne lui fais pas de fleurs !!!

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  3. Ouahhhou!!! C'est lui, qu'on devrait piquer!!! (et pa avec une aiguille d'acuponcture!!!
    En tout cas, si tu veux des adresses de gens compétents (osthéo, energéticien, acuponcteurs...), fais moi signe, j'en ai quelques uns par chez toi (et des vraiment bons en plus!!)
    Courage, la Teigne!
    Anne-Lise

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