mercredi 4 septembre 2013

Une aiguille dans le cerveau (partie 3)

Hier, apaisée (j'ai bouclé mon dossier, Loulou est un grand, je peux faire des parenthèses et ça n'offusque personne, il fait grand soleil), j'appelle la secrétaire du vilain-monsieur-qui-m'a-piqué-l'âme. Je lui annonce que j'annule tous les rendez-vous qui étaient prévus (Monsieur Piquelam a un protocole de soin très précis, j'en avais jusqu'à ce que mort s'ensuive).

J'ajoute que j'ai pris cette décision suite au comportement de Monsieur Piquelam et que j'en réfèrerai à qui de droit.

Elle pouffe.

Non, non, je ne mens pas. Cette idiote pouffe.

"Ah bah vous êtes bien la première"

Genre, tu vois bien que t'es folle, mon employeur monsieur piquelam est tellement extraordinaire que tout le monde l'adore.

"Eh bien, tant mieux, s'il n'a jamais maltraité personne d'autre que moi. Ou alors, il était juste mal luné, mais je ne me suis jamais aussi sentie mal en sortant du cabinet d'un thérapeute."

Elle pouffe.

...

Inutile d'en rajouter, je vais raccrocher quand elle me demande:

"Mais, euh, quand vous dites que vous allez en référer à qui de droit, de qui vous parlez?"

Elle ne connaît pas monsieur quidedroit, je lui explique donc qu'il s'agit de l'ordre des médecins.

"Ah oui, mais c'est jamais arrivé, ça!"

Eh bien, il faut une première à tout. J'ai bien eu envie de me pendre en sortant de chez un thérapeute, il peut bien se prendre une petite lettre lui aussi, non?

Je raccroche, cette fois, un rien perplexe. Son rire, c'était un peu la cerise sur le gâteau, le petit truc qui énerve alors que j'aurais dû être soulagée. Je ne me démonte pas, le soleil m'attend sur la terrasse.

Une demi-heure plus tard, un numéro inconnu s'affiche. Je prends. C'est monsieur piquelam.

Ouch.

J'y vais mais j'ai peur.

S'en est suivie une discussion qui m'aura au moins permis de vider mon sac auprès de monsieur piquelam. Il a eu l'air désolé, chagriné, un peu meurtri, admettant que c'était une remise en question de son travail, sachant que "son travail, c'est sa vie". Il m'a assuré qu'il n'avait jamais eu la volonté de me blesser, de me juger, ou de me manquer de respect. Il a aussi admis y être "allé un peu fort" et avoir été "peut-être un peu abrupt". Il voulait simplement que je lâche prise. Il n'a juste pas appuyé sur les bons boutons, un comble pour un type censé connaître les méridiens.

Il a aussi regretté que je ne l'aie pas appelé, pour m'en expliquer auprès de lui. "Parce que vous savez, ça arrive parfois, ce genre d'incompréhensions avec un patient."

Là, j'ai repensé à l'autre idiote. ""Ah bah vous êtes bien la première"... Tu parles.

A la fin, il m'a dit de sortir de mon esprit toutes les mauvaises idées qui avaient pu passer par là, et que si jamais je décidais de revenir - même s'il comprendrait que je ne le fasse pas - je serais la bienvenue. C'est gentil, mais je vais passer mon tour. Même si monsieur piquelame est remonté dans mon estime, mon âme me rendra grâce, me semble-t-il, de ne pas confier son sort à des gens qui font mal.

3 commentaires:

  1. Secrétaire, pouffe... peuvent parfois être des synonymes.
    Piquelam, digne nom d'un professeur de Poudlard, pour celle-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom.

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  2. Tu parles! il a essayé de t'amadouer parce qu'il a flippé, que ça la foutrait mal et que tu serais peut-être la déclencheuse d'autres témoignages qui viendraient confirmer son incompétence....excepté comme bourreau ! allez, va jusqu'au bout ! un simple courrier de signalement, pour que ça lui chauffe aux fesses. Parce que, écoute, ce serait trop simple, de maltraiter le monde et de venir après faire du charme à ses victimes ! tu sais ce qu'est un pervers narcissique, non ? et comment c'est doué pour souffler le chaud et le froid ? tolérance zéro, ces monstres-là !

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  3. Tiens, tiens, pervers narcissique, comme l'autre personnage que je décris par ailleurs, y'a effectivement des similitudes. Je vais aller au bout de ma démarche. Si cela peut éviter pareille mésaventure à d'autres personnes, ce sera utile.

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